Hafid en quelques mots

Hafid Saïdi est né à Carcassonne dans une famille ouvrière. Fils d’un immigré algérien, la question de l’immigration a été son sujet de thèse, un travail de recherche minutieux. Docteur en sociologie, mais pas seulement Hafid Saïdi est aussi poète. Poète pour lui même et non pas pour les autres. Son combat pour la justice sociale est le cri de ses vers. Sa poésie tient dans les couplets et le refrain d’une chanson ; c’est une poésie qui se raconte aux sons des harmonicas et se vit entre deux passes de tango. C’est à la fois le volcan de l’Afrique et la douceur de Samarkand, c’est le feu d’un whisky flambé avalé cul sec et la fraîcheur des vagues d’un bain de minuit. Elle est révélatrice d’une foultitude de choses, elle remue des sentiments multiples et parfois inavouables. Il y a certes la tristesse et la solitude, la déception et l’amertume, mais il y a aussi beaucoup de passion et de vide, et l’espoir sans cesse que quelque chose sortira de cette douleur comme une renaissance. Sensuelle est un mot bien faible pour décrire ce qu’elle est, ce qu’elle provoque. Mohammed Taoufik Jeune écrivain et poète

lundi 20 mai 2013

On parle de lui

Hafid Saïdi : « Les immigrés ne sont pas des terroristes »

Publié le 10/03/2003

EXCLUSION - Le sociologue toulousain réclame une véritable politique d'intégration

Hafid Saïdi, docteur en sociologie à l'Université de Toulouse-Mirail, vient de publier L'immigration en question, jeu social et enjeux idéologiques (1).
Habitant le Mirail, dont la réputation est associée trop souvent à la délinquance issue de l'immigration, il livre une analyse sans concession de la situation dans les banlieues, dans un contexte de politique internationale tendu.
Une éventuelle guerre en Irak sera-t-elle génératrice de troubles dans les cités?
Avec une guerre en Irak qui menace, après l'explosion d'AZF à Toulouse, elle-même post 11 septembre à New-York, le danger d'une communautarisation est grand. D'autant plus que de nombreux immigrés ont l'impression d'être montrés du doigt comme des terroristes potentiels. La seule façon d'en sortir est que les politiques donnent réellement accès à la citoyenneté aux Français issus de l'immigration, hors période électorale s'entend.
Le problème, c'est que ce n'est pas le cas actuellement. Je suis à fond pour le lien et la cohésion sociales dans la République et la laïcité. Les politiques qu'ils soient de gauche ou de droite, maintiennent les Français issus de l'immigration dans des espaces d'exclusion. Ils font le lit du communautarisme, sciemment.
S'ils ne changent pas d'optique, c'est la porte ouverte à tous les extrémismes, aux affirmations identitaires de tous bords, en simple réaction à l'exclusion.
Vous êtes un symbole de réussite, votre propos sur l'exclusion n'est-il pas exagéré?
La réussite universitaire ne s'associe pas obligatoirement avec la réussite sociale, hélas. Je subis les mêmes discriminations que des gens issus de l'immigration qui n'ont pas connu le même succès. Au niveau de l'emploi, de la formation, et aussi du logement, vecteur incommensurable de stabilité sociale. J'aurais aimé que ce tableau soit exagéré, mais, hélas, je ne suis pas le seul à vivre cette situation. On dirait que l'on ne veut pas que cette population s'en sorte.
L'immigré est cantonné dans cette perception de l'univers chère au sociologue américain Erwin Goffman: le monde est un théâtre dans lequel l'homme est voué à jouer son propre rôle ».
Cela s'adapte exactement aux immigrés en France. Nous ne pouvons être autre chose que des immigrés.
Est-ce que la crise en Irak ne renforce pas votre vision pessimiste?
C'est une vision réaliste. Elle correspond à mon expérience par rapport au traitement social de l'immigration. Rien n'est fait pour garantir une citoyenneté réelle aux immigrés et à leur famille. Dans la recherche d'emploi ou la formation, les jeunes sont conscients des discriminations qui leur sont faites, par rapport à leur nom, leur origine, et le plus souvent aussi à leur lieu de résidence.
En France, on confond trop souvent nationalité et citoyenneté.
Vous êtes Français et vivez dans un pays de droit, sur quoi fondez-vous vos espoirs?
Pour les minorités, la France n'est pas un pays de droit mais uniquement de devoir. Les deux sont nécessaires pour la garantie d'une véritable démocratie. Il ne faut pas exclure un aspect au profit de l'autre, ce qu'ont tendance à faire certains responsables politiques. L'optimisme, je l'aurai quand l'immigration d'Afrique du Nord, algérienne en particulier, ne sera plus stigmatisée comme source d'échec, de délinquance, mais comme génératrice d'une vraie citoyenneté, après un siècle de présence et de participation au développement économique, historique et culturel de la France ».
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(1) Editions des Ecrivains. 17 €.
Propos recueillis
par Krim KHETAH.

Disponible sur : http://www.ladepeche.fr/article/2003/03/10/135214-hafid-saidi-les-immigres-ne-sont-pas-des-terroristes.html

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