Hafid en quelques mots

Hafid Saïdi est né à Carcassonne dans une famille ouvrière. Fils d’un immigré algérien, la question de l’immigration a été son sujet de thèse, un travail de recherche minutieux. Docteur en sociologie, mais pas seulement Hafid Saïdi est aussi poète. Poète pour lui même et non pas pour les autres. Son combat pour la justice sociale est le cri de ses vers. Sa poésie tient dans les couplets et le refrain d’une chanson ; c’est une poésie qui se raconte aux sons des harmonicas et se vit entre deux passes de tango. C’est à la fois le volcan de l’Afrique et la douceur de Samarkand, c’est le feu d’un whisky flambé avalé cul sec et la fraîcheur des vagues d’un bain de minuit. Elle est révélatrice d’une foultitude de choses, elle remue des sentiments multiples et parfois inavouables. Il y a certes la tristesse et la solitude, la déception et l’amertume, mais il y a aussi beaucoup de passion et de vide, et l’espoir sans cesse que quelque chose sortira de cette douleur comme une renaissance. Sensuelle est un mot bien faible pour décrire ce qu’elle est, ce qu’elle provoque. Mohammed Taoufik Jeune écrivain et poète

lundi 20 mai 2013

Poèsie des vents nocturnes - La Lune comme un cercle

 Préface 



« En réponse à notre époque de mensonge et d’artificiel, le poète Hafid Saïdi délie une poésie fluide et sincère, claire et entière, évidente et émouvante. En réponse à notre époque de désengagement, soucieuse seulement du superficiel, d’une émotion ponctuelle ouvrée d’abrutissements, à l’apanage du stéréotype, la poésie d’Hafid saïdi s’en démarque par une révolte en vers libres et en rimes cristallines, assoiffée d’introspection et de vérité (pour ne pas oublier / les sinistres époques / Où le verbe se conjuguait / Au temps de l’inquisition / J’écris dans le miroir de chaque couleur.) Poésie dévolue à la tolérance, à la générosité et à une envie de vivre autrement qu’en l’état d’une simple brique dans un mur au format de la « bien-pensance » (ce soir / la lune est derrière les barbelés / Le monde devient étrange / C’est un poète qu’on assassine.) Hafid Saïdi, au-delà de bonifier mots et verbes choisis minutieusement pour flatter la sensibilité de sa plume, il nous amène à une certaine spiritualité suggérée par la subtilité d’images, de sensations, d’atmosphéres (Pour toi / Un poème / Sur une page de sable / Et / des paroles / En algues / pour faire danser les lettres / dans le profond / Des mille silences.) Le tout puise dans une source évidente d’un profond amour pour l’autre malg’é les désillusions de l’expérience, d’un continuel émerveillement face au miracle de vivre sur terre (la porte s’ouvre / Dans le temps / Qui verse la sève du matin.)
Comment être sûr de sa volonté d’aimer l’autre et de l’humaniser (Aux poèmes encerclés / Aux verbes fugitifs / Aux ruelles sans nom / Au rêve / A l’utopie) ? Comment être sûr de sa volonté d’évoluer lui-même dans sa quête de devenir toujours plus humain, de toujours aspirer à la volupté de mieux s’accepter, au détour d’un engagement sans concession pour aider son prochain, qu’à la lecture et à la rencontre de sa poésie aussi cotonneuse que révoltée, aussi sensible que résistante, aussi pure qu’âpre (nous étions alors / Les enfants de la rue de l’Amérique Latine / sans craindre d’avoir / Une tache de sang sur le front.)
            Lui, l’éclectique, lui, l’œcuménique, nourrit notre Cœur, notre réflexion d’universalité. Poésie à la remarque ambitieuse, éprouvante pour lui s’efforce humblement de chercher à embellir l’autre d’un meilleur, d’un sentiment de fraternité. Alors, quoi de plus beau et de plus jouissif que de cueillir au creux de ses vers, le souffle profond d’un doux vent nocturne ! »

Boriana et Jacques Constant-Poueyo
(Poètes et romanciers)


Extraits Des vents nocturnes

Pour ne pas oublier 
Les sinistres époques
Où le verbe se conjuguait
Au temps de l'inquisition

J'écris dans le miroir de chaque couleur

Je crie dans les saisons

Les lumières assassinées
Et les lueurs de chaque lendemain.



Les regards brisés

Les regards brisés
Qui ne comprennent
Pourquoi
Pèse
Sur le coup de nos silences
L'insolent présent
De la parole arrachée.

Les regards brisés
Dans une aube qui meurt
Ainsi
Soudain
Tout recommence
Et vient le jour
Pour un siècle et mille ans
Piétiner encore
Sur nos chemins de traverses.

Mais dans la solitude des villes
Coule 
Parfois
Comme une beauté d'écume d'hyades rêveuses
et le vent du soir
Dans nos coeurs
S'apaise.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire